vendredi 30 mai 2008

Assises du roman, de New York à Lyon

Parmi les invités des Assises internationales du roman, qui se tiennent actuellement à la Villa Gillet, à Lyon, figure Paul Holdengräber, le responsable des programmes culturels de la Bibliothèque publique de la ville de New York (NYPL, photo ci-contre), à savoir près de 80 événements au cours de l'année. Une occasion de rendre hommage à l'une des institutions les plus respectées des new-yorkais.

Rappelons, en effet, que cette bibliothèque centenaire, dont les collections comprennent une dizaine de millions d'entrées, est accessible à tous gratuitement. Au bâtiment principal, situé sur la cinquième avenue, à Manhattan, dévolu à la lecture sur place, s'adjoignent des établissements spécialisés – comme celui consacré au théâtre et au cinéma dans le Lincoln Center – et une quarantaine de bibliothèques de prêt, réparties dans tous les quartiers de New York.

De grands mécènes, passés et présents, contribuent au financement de la NYPL. Mais ce sont surtout les lecteurs qui la soutiennent, et, de manière générale, les citoyens de la ville de New York. Après le 11 septembre, la crise financière de la ville avait contraint la NYPL à fermer le lundi. Quelques années plus tard, le rétablissement de cette journée dans le calendrier d'ouverture hebdomadaire fit l'objet d'un encart publicitaire dans le New York Times. Entre-temps, la bibliothèque avait organisé dans la salle de lecture une exposition de photographies de Joel Meyerowitz, "Photographs from Aftermath: World Trade Center Archive", qui s'était close par un concert du prestigieux Julliard Chamber Orchestra.

Le prochain invité de Paul Holdengräder sera Salman Rushdie, le 27 juin.






dimanche 18 mai 2008

Cannes 2008


Première grande surprise du festival, le film israélien d’Ari Folman, Waltz with Bashir, coproduit avec Les Films d’ici et ARTE France, a été longuement applaudi hier soir dans la grande salle du Palais.
L’auteur, dont le premier film remonte à l’année 1991, a réussi une œuvre très originale, d’une beauté plastique égale à la force du propos. D’abord réalisé sous la forme d’un documentaire tourné en vidéo, le film a ensuite été adapté en un dessin d’animation qui a demandé un long travail de fabrication. Le réalisateur s’y met en scène, dans une enquête qui part d’une interrogation personnelle : pourquoi si peu de souvenirs lui restent de la première guerre du Liban à laquelle il a participé ? Ou plus précisément : n’y a-t-il pas quelque chose qui fait obstacle à cette remontée de mémoire, ce qui, dans d’autres circonstances, agit au contraire comme compulsion de répétition ? L’ancien soldat s’en va donc trouver non seulement ses anciens camarades mais également des spécialistes susceptibles de libérer une parole bloquée, celle de l’expérience du fait guerrier, et de l’organiser en un récit.
Car si ce film n’est pas “politique“, contrairement à la présentation qu’en ont fait certains journalistes, il est profondément historique et je dirais même anthropologique. S’il est en effet impossible de circonscrire le propos du réalisateur à la défense d’une vision “israélienne“ de l’engagement de Tsahal au Liban, il nous est permis de suivre ces jeunes soldats sur le terrain et de comprendre ce qui se passe dans leur corps et dans leur esprit quand ils sont, souvent brutalement, confrontés à la violence qu’ils subissent comme à celle qu’ils exercent. C’est la peur qui domine, en face d’un “autre“ le plus souvent invisible, repéré seulement à distance dans la visée d’un fusil à infrarouge, ou surgissant tout à coup sous la forme d’un gamin équipé d’une arme. Dans ce désorientement de la cible visée, les soldats israéliens intériorisent très vite l’idée qu’il va être impossible de protéger les civils, d’empêcher les victimes “collatérales“.

Ce qui, dans un documentaire classique comprenant entretiens et reconstitutions, deviendrait la part mise en scène d’un “docu-fiction“ est ici “dessiné“ en continuité avec les discussions des anciens soldats, dans une sorte d’épure graphique visuellement très évocatrice. Très rythmé, grâce à une musique spécialement composée, mais aussi des extraits d’œuvre classiques, le film conduit progressivement le spectateur à la prise en compte des débordements du conflit, des exactions individuelles aux crimes de masse. D’un Libanais qui pisse sur le cadavre d’un soldat israélien, de l’allusion aux organes pris sur l’ennemi et conservés dans du formol, jusqu’aux massacres de Sabra et Chatila. Car tel est bien l’objet du blocage de la mémoire de guerre du soldat Folman et l’interrogation qui l’anime en tant que réalisateur : non pas tant une explication politique, distanciée, de ces massacres, mais un déplacement au ras du terrain, dans l’intériorité des consciences de soldats impliqués dans une guerre qui peut tout aussi bien prendre la forme d’un ballet déréalisé, chorégraphié comme un clip vidéo, que celle, soudaine, brève et brutale, de la réception, dans les bras, et au fond d’un tank, du corps d’un officier tué par balles.

jeudi 15 mai 2008

Cannes 2008



Soucieux d'inscrire résolument le festival de cette année dans l'histoire du temps présent, Thierry Frémaux , le délégué général, a dû être satisfait d'entendre successivement Sean Penn, puis Claude Lanzmann placer le cinéma au coeur du mouvement du monde lors de la première journée.

Jusqu'à mardi, je vais rendre compte des films de la sélection officielle en envoyant des billets quotidiens.

Rendez-vous donc demain pour parler d'un documentaire d'animation réalisé par l'Israélien Ari Folman, sur les massacres commis par des miliciens libanais dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila, à Beyrouth en 1982.